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Petits bonheurs, petits malheurs et complications de la vie.

Sections : Rol   Ecrits   Le Coin à Sam   Des Visages   Boite à idées  

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Si la vie était un conte....

Il était une fois, dans un pays lointain, un village égaré du nom de Sadness. A vrai dire, au regard de son isolement, Sadness ressemblait d’avantage à une petite bourgade qu’à un hameau rural, car les habitants de la cité se voyaient presque contraints de vivre en autarcie. Mais cette existence, faite de plaisirs simples et innocents, leurs convenaient à tous. Jamais scandale ne déchira le village, jamais haine, ou mot d’ire n’y fut prononcé.

Lorie atteignait ses vingt ans. Innocente et naïve, elle espérait tout de la vie. Au travers de ses rencontres, elle espérait forger son âme, de joies en peines, de succès en défaite. Lorie, comme toute les filles de son age, brillait par son innocence, et par son esprit fantasque, un brin rêveur : elle n’espérait rien d’autre de la vie que de rencontrer celui qu’elle aimerait, et de pouvoir se blottir contre lui pour aider à supporter les longues soirées d’ennuis qui parfois lui déchirait le cœur.

Oh.. Lorie avait bien vécu des histoires.. de ces histoires sans lendemain, qui blessent sur le moment, avant de disparaître dans la brume de notre mémoire, emportant avec elles un peu de la part d’enfance qui nous survit. Mais voilà.. A vingt ans, rien ne paraît impossible, et Lorie espérait, et attendait patiemment que ce monde ne lui offre une chance.

Et les jours passaient, et Lorie attendait. Tuant son temps, tuant son ennui et ses regrets auprès de ses amies, ses sœurs et ses cousines, défrichant sa rage de vivre au milieu des bals et des fêtes qui se succédaient sur la grand’place de Sadness. Mais ces fêtes lui paraissaient ternes, et ces visages, connus et reconnus, n’inspiraient, à ses yeux, plus la moindre saveur. Ni joie, ni peine. Simplement une profonde empathie, une profonde lassitude… Mais un jour…

 

… Mais un jour, il arriva.. C’était un calme soir d’été, et Sadness semblait plongée dans une quiétude surnaturelle, que seul brisait le chant des grillons.

Mais bientôt, des bruits de sabots résonnèrent sur la grand’route qui serpentaient depuis les Monts du Regret jusque devant la demeure du Bourgmestre.

Une telle activité, aussi insignifiante peut elle paraître à nos yeux, était pour l’époque un réel évènement, car traverser les contrées hostiles qui séparait la capitale de Sadness, était déjà, en soit, un exploit. Aussi, alors que la monture et son cavalier s’engageaient au travers de la grand place, nombreux étaient les curieux, qui, maladroitement cachés derrière leurs rideaux, toisaient l’étranger au travers de leurs fenêtres.

Lorie était de ceux la. Et quand elle le vit, son cœur ne fit qu’un tour. Rien dans sa courte vie ne l’avait préparée au coup de foudre… Impression étrange, insolemment violente, qui se refuse à écouter les voix de la raison.

L’étranger alla quémander le bourgmestre pour demander asile, dans le village, comme le voulait la bienséance. Lorie avait rejoint ses amies, au devant de la grande résidence du maître du village, et se penchait pour écouter les dires et les requêtes de son nouvel amour. Il se nommait Valentin. Voyageur égaré, ancien chambellan d’un lointain royaume, malgré son jeune age, il avait erré sur les routes à la recherche d’un havre où oublier une histoire perdue. Lorie dévorait ses paroles. Valentin semblait cultivé, et sa noblesse d’âme transparaissait au travers même de ses traits.  Quand il sortit, il ne la remarqua pas, de prime abord. Mais alors qu’il se retournait, pour s’incliner et saluer une dernière fois le vieux bourgmestre, son regard plongea au plus profond du bleu des yeux de Lorie. Cette fortune lui convint.

 

Lorie était amoureuse. Elle le savait, avait le sentiment de l’être, et cela lui suffisait pour s’en persuader. Les jours qui suivirent, elle passa le plus clair de son temps à s’oublier à l’ombre du grand chêne centenaire qui se dressait presque parfaitement au centre de la grande place. Elle y venait le matin, et s’y asseyait, pour se perdre dans ses rêveries. Et quand la soleil se couchait, que les premières étoiles s’illuminaient pour égailler la voûte céleste, elle soupirait, et revivait mille fois dans ses rêves la même vie imaginée, au coté de son étranger.

Bientôt, Valentin perça le jardin secret de la jeune fille, et entendit les soupirs qu’elle glissait quand il passait à ses cotés. Alors il souriait, et s’asseyait auprès d’elle pour tenter de partager un peu de son imaginaire.

Les deux jeunes gens discutèrent des jours et des jours, ainsi bercés par la lente plainte du vent s’engouffrant dans le feuillage du grand chêne. Et leur complicité devint amour, et leur amour devint passion. Lorie lui donna son cœur, et il lui offrit son âme.

 

Deux  mois durant, leur idylle respirait bonheur et perfection. Lorie était à lui, et Valentin était à elle. Ils pensaient « nous », vivaient tout, et Lorie lui donnait, à chaque instant, le meilleurs de son être. Chaque minute passée à ses cotés était une délivrance, celle d’une vie parfois trop terne qui semblait désormais lui dévoiler une toute nouvelle splendeur. A présent, le soleil n’avait plus la même couleur, et son éclat paraissait à Lorie bien plus sincère, bien plus rassurant. A présent, la fraîcheur des nuits solitaires n’effrayait plus la jeune fille, qui allait se blottir et se réchauffer entre les bras de son amant.

Bien évidemment, le village tout entier s’était penché sur cette aventure, et grands-mères et commères parlaient des deux amoureux avec une touchante tendresse, tant leur histoire débordait d’innocence et de sincérité.

Valentin n’avait guère, jusqu’à présent, eu l’occasion de s’intégrer à la collectivité, et Lorie l’introduisit donc à son groupe d’amies, à sa famille, et bientôt, le jeune homme s’entendait à merveille avec chaque cousine, chaque complice de la jeune fille. Il devint un membre à part entière de cette petite communauté, et ce sourire incroyable, qui illuminait son visage en ces moments de fêtes, était la meilleure preuve de son propre bonheur.

 

Et les mois passaient, emprunts du bonheur sans cesse renouvelé d’un amour sincère. Mais voilà…

.. Toutes les belles histoires ont une fin.

Lorie ne comprenait plus. Depuis quelques jours, Valentin s’enfermait de lui-même dans le plus profond des mutismes : Il ne parlait plus, il ne mangeait plus, il ne buvait plus. Effrayée et paniquée, Lorie ne savait plus, à vrai dire, comment agir. Valentin, homme raffiné venant de la ville, avait certes eu du mal à s’habituer à cette vie faite de vendanges et de récoltes, mais cela ne pouvait tout expliquer.. Elle ne lui en parla pas, et chaque fois qu’elle se hasardait à tenter d’approcher le sujet, il se faisait plus froid, plus distant encore. Alors elle redoubla d’amour pour lui, le couvrant de sentiments et d’attentions, pour qu’il ne sombre pas, qu’il reste auprès d’elle, à lui sourire de son si beau sourire. Et pendant un temps, Valentin se rapprocha à nouveau, redevint cet ami, cet amant qu’elle aimait de tout son cœur…

Mais les jeux des sentiments sont des jeux étranges… Valentin prétexta un voyage, une découverte, une écoute du soi, pour s’éloigner un temps de son aimée.

Quelques jours plus tard, un pigeon survolait Sadness, pour aller se poser sur l’un des perchoirs du Maître Dresseur. A sa patte, un petit message, habilement enroulé et scellé, était greffé. Adressé à la jeune Lorie, il signifiait le deuil des espoirs de l’enfant.

 

«

Mon ange,

Comme tu as pu le percevoir, ces derniers jours, je me suis éloigné de toi. Consciemment, inconsciemment, je ne pourrais le dire, et te voilà victime et moi bourreau. Je ne saurais dire ce qui s’est brisé entre moi et toi. Je sais que tu m’aimes, et de tout ton cœur, mais cette flamme, qui habitait le mien, s’est éteinte à présent.

Je sais que tu auras du mal à l’accepter. Je n’ai rien à te reprocher, bien au contraire, peut être simplement de m’avoir trop aimé, plus que moi je ne pouvais le faire. Je suis désolé de te faire ainsi souffrir, je ne le voulais pas… pardonnes moi..

 

Val… * et le reste de la signature était brouillé par des larmes *

»

 

Lorie était en pleure. Déchirée, détruite, terrassé, tout ce monde, tout son monde intérieur venait de s’écrouler, le temps d’un souffle. Elle lisait et relisait le message. Elle ne pouvait le croire. Cinq mois… Cinq mois du plus parfait bonheur venaient d’être réduit, en quelques lignes, à l’état de souvenirs..

 

Valentin revint quelques jours plus tard, le visage blême et marqué. Il s’était préparé à affronter l’inévitable… Mais qu’aurait donc pu lui reprocher Lorie ? Elle l’aimait trop, bien trop pour se résigner à l’oublier à jamais. Elle voulait garder, sinon l’amant, tout du moins l’ami, le garder auprès de lui comme confident et complice, à tout jamais.

Et pendant un mois, les choses se passèrent ainsi, plus mal que bien : Certaines amies de Lorie se rapprochèrent de Valentin, et la jeune fille avait bien des peines à accepter… D’autant plus que le jeune homme, de lui même, gardait ses distances avec Lorie, peut être pour se préserver, ou marquer d’avantage la fin de leur histoire. Mais Lorie avait du mal à le vivre. Et les sorties communes, qu’elle pouvait faire avec ses amies et Valentin, se terminaient souvent en dispute. Bien sur, Lorie allait s’en excuser. Elle n’était pas toujours responsable, mais connaissait son ancien amant, sa fierté, et savait que son plus gros défaut, outre ses difficultés à s’ouvrir quand son cœur était blessé, était de s’obstiner à refuser ses tords. Alors Lorie faisait le premier pas, pour jamais ne laisser graine de colère germer entre eux.. Elle l’aimait d’un amour fou, et espérait changer cet amour en une amitié plus profonde encore.. Mais cela prenait du temps.

 

Vint un jour où Lorie crut cependant mourir. Un mois à peine après leur rupture, Valentin vint à elle, le regard grave, la mine défaite, pour lui annoncer le début d’une relation avec l’une de ses meilleures amies. Elle, qui avait aimé Valentin, qui lui avait tout offert de son âme, de son cœur, qui l’avait aidé à vivre dans les moments les plus difficiles, qui lui avait présenté ses amies, ses meilleures amies, se sentait trahie. Et tant de questions accablaient son esprit…

 

Lorie était perdue…

Elle l’est toujours.

Et les murs de Sadness étouffent encore ses sanglots.

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Ecrit par RolTom, le Dimanche 15 Juin 2003, 11:50 dans la rubrique "Ecrits".